Tribunes RLSF

Faire de la France une véritable nation sportive

 

 

 

À l’occasion de la semaine olympique et paralympique, début février 2020, les ministres de l’Education et des Sports se sont positionnés en faveur de l’instauration d’une pratique quotidienne de 30 minutes d’activité physique à l’école primaire à la rentrée prochaine.

 

Une annonce qui va dans le sens de la préconisation #12 du rapport de Rénovons Le Sport Français rédigé en juin 2018 : « mettre les valeurs du sport dans la tête et le cœur des élèves » et dont on espère qu’elle remédie à la situation paradoxale de l’EPS et du sport à l’école.

Car si d’un côté sont vantées leurs larges vertus éducatives, développement des capacités corporelles, du goût de l’effort, de l’hygiène de vie, de l’estime de soi et des autres, du savoir coopérer, du respect de la règle ; de l’autre, ces matières sont ignorées dans l’évaluation de la réussite scolaire des enfants, autant par la communauté éducative que par les parents. Au sein des écoles primaires, les professeurs des écoles, polyvalents, semblent peu à l’aise avec cet enseignement. La Cour des Comptes a récemment relevé que les 3 heures hebdomadaires d’EPS au programme, n’y sont que partiellement effectives.

A la lecture des grandes lignes du projet, plusieurs aspects interpellent toutefois :

1 – Pourquoi une énième mesure expérimentale alors que de nombreux rapports démontrent les effets positifs de l’activité physique sur les individus et que les indicateurs sur la sédentarité des plus jeunes sont au rouge ?

2 – Pourquoi s’appuyer sur le volontariat des enseignants et pénaliser encore plus les élèves dont les enseignants, par manque de compétence, ne seront pas volontaires ?

3 – Pourquoi promettre de nouveaux outils pédagogiques alors que beaucoup sont laissés au placard par manque de maitrise de leur utilisation par les enseignants ?

4 – Comment introduire dans une séance d’EPS, comme le souhaite la ministre des sports, un travail sur les stéréotypes sexués, ces croyances qui assignent des aptitudes ou traits de personnalité prédéfinis et différents aux filles et aux garçons et constituent un sérieux obstacle à l’égalité entre les femmes et les hommes, quand celles-ci sont si peu questionnées chez les futurs enseignants ?

5 – Enfin, quels outils de suivi vont permettre d’évaluer cette expérimentation ?

 

Pour une réelle efficacité, ce projet doit être mené par des encadrants compétents et motivés.

Ceci implique, pour les professeurs des écoles, une formation renforcée à l’éducation physique et au sport et la pérennisation de cette épreuve à l’oral du concours de sortie. Pourquoi ne pas envisager également la collaboration avec les enseignants d’EPS et les éducateurs sportifs ? Ceci permettrait un décloisonnement et la création d’une continuité éducative entre les différents intervenants.

Portée par des encadrants qualifiés, pérennisée et généralisée à tous les élèves des écoles primaires, cette initiative pourrait alors être la première marche de l’ambitieux projet de Paris 2024 que soutiennent les principaux acteurs du sport français : « faire de la France une vraie nation sportive ».